Échelle de dépression gériatrique (EDG)

Évidences révisées en date du 12-01-2012
Auteur(s)* : Katie Marvin, MSc. PT (Candidate)
Éditeur(s) : Annabel McDermott, OT ; Nicol Korner-Bitensky, PhD OT
Version française en traduction libre : Alexandra Matteau

But

L’Échelle de dépression gériatrique (EDG) est un outil de dépistage d’auto-évaluation développé pour détecter la dépression chez les personnes âgées (Yesavage et al., 1983).

Revue détaillée

But de la mesure

L’Échelle de dépression gériatrique (EDG) est outil de dépistage d’auto-évaluation développé pour détecter la dépression chez les personnes âgées (Yesavage et al., 1983). L’EDG comprend 30 items qui ont été sélectionnés par des chercheurs et des cliniciens pour leur validité à distinguer les groupes de personnes âgées avec une dépression dans la population générale (McDowell & Newell, 1996). Les questions ont été développées pour être non menaçantes et adaptées à leur âge et exigent des répondants de répondre par un oui ou un non (Stiles & McGarrahan, 1998).

Versions disponibles

  • L’Échelle de dépression gériatrique (EDG)
  • L’Échelle de dépression gériatrique – Version courte (EDG-VC)

Des versions courtes de l’EDG avec 1, 3, 4, 10 et 15 questions ont été développées (comparativement à 30 questions dans la version originale de l’échelle). Les versions courtes ont été développées en réponse aux critiques selon lesquelles la version originale de l’EDG était trop longue à administrer et exigeante au niveau du temps, la rendant ainsi difficilement applicable dans un contexte de soins de première ligne (van Marwijk et al., 1995).

Bien qu’un bon nombre de versions abrégées de l’EDG se soient révélées être hautement corrélées avec la version originale, les versions courtes tendent à avoir de plus hautes valeurs prédictives négatives, ce qui suggère que les versions courtes seraient les mieux adaptées pour dépister les patients avec une possible dépression (van Marwijk et al., 1995; Almeida & Almeida, 1999).
Note : Il existe plusieurs versions courtes différentes constituées de différents ensembles de questions, ce qui rend les comparaisons difficiles entre les études et les groupes (Teasell, Foley & Salter, 2011).

La version courte à 15 items est la version courte la plus utilisée et servira de modèle des versions courtes examinées dans ce module.

Le client doit choisir la meilleure réponse (oui ou non) selon la façon dont il s’est senti au cours de la dernière semaine :

  1. En général, êtes-vous satisfait de la vie que vous menez ?
  2. Avez-vous laissé tomber plusieurs de vos activités et intérêts ?
  3. Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ?
  4. Vous ennuyez-vous souvent ?
  5. Êtes-vous de bonne humeur la plupart du temps ?
  6. Avez-vous peur qu’un malheur vous arrive ?
  7. Vous sentez-vous heureux la plupart du temps ?
  8. Vous sentez-vous souvent impuissant ?
  9. Préférez-vous rester à la maison plutôt que de sortir et faire des choses nouvelles ?
  10. Sentez-vous que vous avez plus de problèmes de mémoire que la majorité des gens ?
  11. Pensez-vous qu’il est merveilleux de vivre actuellement ?
  12. Vous sentez-vous comme étant une personne sans valeur actuellement?
  13. Vous sentez-vous plein d’énergie ?
  14. Pensez-vous que votre situation est sans espoir ?
  15. Pensez-vous que la situation des autres est meilleure que la vôtre ?

Un score > 3 points laisse supposer une dépression post-AVC.
Un score > 5 points laisse supposer une dépression.
Un score > 10 points est presque toujours indicateur d’une dépression.

Caractéristiques de la mesure

Items :

La version originale de l’EDG est constituée de 30 items dans laquelle le participant doit répondre par oui ou non en se référant à comment il se sent le jour même de l’administration.

Ce qu’il faut considérer avant de débuter :

L’EDG peut être administré sous la forme d’une auto-évaluation ou oralement. Toutefois, il faut reconnaître que l’administration sous une forme orale peut entraîner l’approbation d’un plus petit nombre d’items en comparaison avec la méthode d’auto-évaluation (Cannon et al., 2002). La nécessité de fournir une réponse à voix haute pourrait décourager certains répondants de fournir une réponse qu’ils peuvent juger embarrassante (Williams, Rittman, Boylstein, Faircloth & Haijing, 2005).

Le sexe du répondant s’est avéré avoir un effet sur la capacité de l’EDG de classifier correctement les individus. L’EDG s’est avérée plus précise pour classifier les femmes déprimées que les hommes. Dans le cas des répondants de sexe masculin, il existe généralement plus de faux négatifs (Stiles & McGarrahan, 1998).

Cotation et interprétation du score :

Le répondant doit fournir une réponse (oui ou non) pour chaque question en référence à comment il se sentait au cours de la dernière semaine. Un point est donné pour chaque réponse qui est un « oui » et le nombre de points est additionné pour donner un score unique.

  • Les scores de 0 à 10 sont considérés comme normaux
  • Les scores > 11 indiquent une dépression
    • Les scores entre 11 et 20 indiquent une dépression légère
    • Les scores entre 21 et 30 indiquent une dépression modérée (Brink et al., 1982; McDowell & Newell, 1996).

Durée :

Le test nécessite environ 8 à 10 minutes pour être complété dans la forme d’une auto-évaluation (McDowell & Newell, 1996). En raison du nombre de questions et de la durée nécessaire pour l’administrer, il a été suggéré que l’utilisation de l’EDG comme un outil de dépistage est peu pratique dans les milieux de soins de première ligne (van Marwijk et al., 1995). De nombreuses versions abrégées de l’EDG ont été développées pour remédier à ce problème potentiel.

Formation :

Aucune formation supplémentaire n’est nécessaire pour administrer l’EDG (Teasell, Foley & Salter, 2011).

Sous-échelles :

Aucune sous-échelle n’a été documentée pour cette mesure.

Équipements :

Un exemplaire de la mesure et un crayon ou un stylo.

Versions alternatives de l’Échelle de dépression gériatrique

Échelle de dépression gériatrique – Versions courtes (GDS-VC)

Pertinence de l’évaluation selon la clientèle

Peut être utilisé avec :

  • Les patients gériatriques ayant subi un AVC.
  • Les patients gériatriques en milieu hospitalier, en consultation externe et dans une maison de retraite (Rinaldi et al., 2003).
  • Les patients qui ont un besoin d’un proche aidant pour compléter l’outil.
  • Les clients avec de l’aphasie : une suggestion du Dr Rita Hargrave est d’utiliser un tableau de points ou un tableau avec l’échelle et des oui/non près des items et le patient doit pointer la bonne réponse.

Ne devrait pas être utilisé avec :

  • Les clients avec une mauvaise compréhension écrite et de faibles facultés visuelles dans la forme auto-évaluée. Cependant, dans le cas d’analphabétisme ou de mauvaise vision, les items et les réponses possibles peuvent être lus au répondant.
  • Les clients qui ont plus qu’une déficience cognitive modérée (McDowell & Newell, 1996; McGivney et al., 1994; Stiles & McGarrahan, 1998).

Dans quelles langues la mesure est-elle disponible ?

L’EDG a été adaptée et traduite, mais pas nécessairement validée, dans les langues suivantes :

Arabe, brésilien, chinois, créole, danois, persan, français, allemand, grec, hébreu, hindi, hongrois, islandais, irlandais, italien, japonais, coréen, lituanien, malais, maltais, norvégien, portugais, roumain, russe, serbe, espagnol, suédois, thaï, turc, vietnamien, gallois et yiddish.

Sommaire

Que mesure l’outil ? La dépression chez les patients gériatriques.
Avec quelles clientèles l’outil peut-il être utilisé ? Les adultes de plus de 65 ans. Il peut être utilisé avec les clients ayant subi un AVC, mais n’est pas limité à ceux-ci.
Est-ce un outil de dépistage ou d’évaluation ? Dépistage.
Temps d’administration 8 à 10 minutes pour l’administrer
Versions Échelle de dépression gériatrique – Version courte (EDG-VC)
Autres langues Arabe, brésilien, chinois, créole, danois, persan, français, allemand, grec, hébreu, hindi, hongrois, islandais, irlandais, italien, japonais, coréen, lituanien, malais, maltais, norvégien, portugais, roumain, russe, serbe, espagnol, suédois, thaï, turc, vietnamien, gallois et yiddish.
Propriétés psychométriques
Fidélité Cohérence interne :
Deux études ont examiné la cohérence interne de l’EDG et ont relevé une excellente cohérence interne.

Test-retest :
Une étude a examiné la fidélité test-retest de l’EDG et a relevé une excellente fidélité test-retest.

Validité Convergente :
Une étude a examiné la validité convergente entre l’EDG et l’Échelle de dépression de Hamilton (EDH) et la Zung Self-Rating Depression Scale (SDS). D’excellentes corrélations ont été relevées entre l’EDG et les deux mesures.
Effets plancher/plafond Aucune étude n’a examiné les effets de plancher ou de plafonds de l’EDG.
Est-ce que l’outil est sensible aux changements ? Non applicable.
Acceptabilité Les items ont été développés spécifiquement pour une population âgée. Le format de réponse oui/non est facile à comprendre et familier.
Faisabilité L’EDG est facile à administrer et ne nécessite aucune formation supplémentaire. L’EDG-VC peut être plus pratique dans les milieux de soins de première ligne. Lorsqu’elle est utilisée comme un outil de dépistage, l’EDG tend à réussir aussi bien que certaines évaluations plus longues, administrées sous la forme d’une entrevue, mais elle demande beaucoup moins de temps et aucune formation particulière.
Comment obtenir l’outil?

Un exemplaire de la version anglaise de l’EDG et de l’EDG à 15 items peut être obtenu en consultant le site web suivant : http://www.stanford.edu/~yesavage/GDS.html

Note : Des liens vers certaines versions dans d’autres langues peuvent également être accessibles sur cette page.

Propriétés psychométriques

Résumé

Il existe une abondance de recherches sur les propriétés psychométriques des diverses versions courtes de l’EDG. Toutefois, peu de recherches ont été menées spécifiquement auprès de patients ayant subi un AVC. Aux fins de cette revue, une revue de littérature a été menée pour identifier toutes les publications pertinentes sur les propriétés psychométriques de l’EDG et de l’EDG à 15 items qui sont pertinentes pour les patients ayant subi un AVC. Par la suite, des études portant sur la fidélité et la validité originales de la mesure ont été sélectionnées pour être résumées et ici présentées.

Effets plancher/plafond

Aucune étude n’a examiné les effets de plancher ou de plafond de l’EDG.

Fidélité

Cohérence interne :
Yesavage et Brink (1983) ont examiné la cohérence interne de l’EDG lors de l’étude de validité originale de la mesure auprès de patients âgés avec une dépression et des témoins en santé. La cohérence interne s’est avérée excellente (alpha = 0,94).

Agrell et O’Dehlin (1989) ont examiné la cohérence interne de l’EDG utilisée comme outil de dépistage de la dépression post-AVC. La cohérence interne s’est avérée excellente (alpha = 0,90).

Test-retest :
Yesavage et Brink ont examiné la fidélité test-retest de l’EDG lors de l’étude de validité originale de la mesure. Vingt participants ont complété le questionnaire à deux reprises, à une semaine d’intervalle. La fidélité test-retest s’est avérée excellente (ICC = 0,84, p < 0,001).

Intra-juge :
Aucune étude n’a examiné la fidélité intra-juge de l’EDG auprès de patients ayant subi un AVC.

Inter-juges :
Aucune étude n’a examiné la fidélité inter-juges de l’EDG auprès de patients ayant subi un AVC.

Validité

Contenu :

Aucune étude n’a examiné la validité de contenu de l’EDG auprès de patients ayant subi un AVC.

Critère :

Concourante :
Aucune étude n’a examiné la validité concourante de l’EDG auprès de patients ayant subi un AVC.

Prédictive :
Aucune étude n’a examiné la validité prédictive de l’EDG avec auprès de patients ayant subi un AVC.

Construit :

Convergente/Discriminante :
Yesavage et Brink (1983) ont examiné la validité convergente entre l’EDG, l’Échelle de dépression de Hamilton (EDH) et la Zung Self-Rating Depression Scale (SDS). D’excellentes corrélations ont été relevées entre l’EDG et les deux mesure : EDH (0,83, p < 0,001) ; SDS (0,84, p < 0,001).

Groupes connus :
Aucune étude n’a examiné la validité des groupes connus de l’EDG auprès de patients ayant subi un AVC.

Sensibilité/Spécificité :
Agrell et Dehlin (1989) ont examiné la sensibilité et la spécificité de l’EDG pour détecter la dépression chez 40 patients gériatriques ayant subi un AVC (moyenne d’âge de 80 ans). Le diagnostic de dépression a été confirmé par un examen clinique et une entrevue psychiatrique. Un score de >10 sur l’EDG a été relevé pour indiquer une bonne sensibilité et une spécificité adéquate pour détecter toutes dépressions (respectivement, 88% et 64%). Sur la base de ces résultats, l’EDG peut être utilisée comme une brève mesure de dépistage pour évaluer la dépression chez les patients gériatriques ayant subi un AVC.

Almeida et Almeida (1999) ont examiné la sensibilité et la spécificité des 15 items de l’EDG (et des autres versions courtes de la mesure) pour identifier un épisode dépressif majeur chez 64 patients, selon les critères du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, quatrième édition (DSM-IV). L’utilisation d’un score seuil de 4/5 sur l’EDG à 15 items a produit une sensibilité et une spécificité respectivement de 97% et 54,8% (avec une valeur prédictive positive de 69,6% et une valeur prédictive négative de 94,4%).

Rinaldi et al. (2003) ont examiné la sensibilité et la spécificité de l’EDG à 5 items et à 15 items auprès de 181 patients âgés de plus de 65 ans. Un diagnostic de dépression a été posé à l’aide d’une évaluation neuropsychologique administrée par un gériatre selon les critères du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, quatrième édition (DSM-IV) pour la dépression. Un score de > 5 sur l’EDG à 15 items a produit une sensibilité de 0,92 et une spécificité de 0,83 pour détecter la dépression.

Tang et al. (2003) ont évalué une version d’une autre langue de l’EDG auprès de 127 patients gériatriques chinois en phase aiguë de récupération post-AVC. Les diagnostics de dépression ont été posés par un psychiatre qui a effectué une entrevue selon le Structured Clinical Interview Diagnosis de la quatrième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV). En utilisant un seuil optimal de 6/7 sur l’EDG, les valeurs prédictives de sensibilité, de spécificité, positives et négatives, se sont respectivement avérées de 89, 73, 37, 98 et 90 %.

Sensibilité au changement

Non applicable, puisque l’EDG est un outil de dépistage.

Références

  • Agrell, B. & Dehlin, O. (1989). Comparison of six depression rating scales in geriatric stroke patients. Stroke, 20, 1190-1194.
  • Almeida, O.P. & Almeida, S.A. (1999). Short versions of the geriatric depression scale: A study of their validity for the diagnosis of a major depressive episode according to ICD-10 and DSM-IV. International Journal of Geriatric Psychiatry, 14, 858-865.
  • Brink, T.L., Yesavage, J.A., Lum, O., Heersema, P.H., Adey, M. & Rose, T.L. (1982). Screening tests for geriatric depression. Clinical Gerontologist, 1, 37-43.
  • Cannon, B.J., Thaler. T. & Roos, s. (2002). Oral versus written administration of the Geriatric Depression Scale. Aging and Mental Health, 6(4), 418-422.
  • McDowell, I. & Newell, C. (1996). Measuring health. A guide to rating scales and questionnaires., 2nd ed. New York: Oxford University Press.
  • McGivney, S.A.,Mulvihill, M. & Taylor, B. (1994). Validating the GDS depression screen in the nursing home. Journal of the American Geriatrics Society, 42(5), 490-492.
  • Rinaldi, P., Mecocci, P., Benedetti, C et al. (2003). Validation of the five-item geriatric depression scale in elderly subject in three different settings. Journal of the American Geriatrics Society, 51, 694-698.
  • Sheik, J. & Yesavage, J. (1986). Geriatric Depression Scale (GDS): recent findings and development of a shorter version. In: Brink TL (ed.), Clinical Gerontology: A guide to assessment and intervention. New York, NY: Howarth Press.
  • Stiles, P.G. & McGarrahan, J.E. (1998). The Geriatric Depression Scale: A comprehensive review. Journal of Clinical Geropsychology, 4, 89-109.
  • Tang, W.K., Chan, S.S.M., Chiu, H.F.K., Kwok, T.C.Y, Mok, V. & Ungvari, G.S. (2004). Can the Geriatric Depression Scale detect post-stroke depression in the Chinese elderly. Journal of Affective Disorders, 81(2), 153-156.
  • Teasell, R., Foley, N. C., & Salter K. (2011). EBRSR: Evidence-Based Review of Stroke Rehabilitation. 13th ed. London (ON): EBRSR.
  • van Marwijk, H., Wallace, P., De Bock, G.H., Hermans, J., Kaptein, A. & Mulder, J.D. (1995). Evaluation of the feasibility, reliability and diagnostic value of shortened versions of the Geriatric Depression Scale. British Journal of General Practice, 45, 195-199.
  • Williams, C.L., Rittman, M.R., Boylstein, C., Faircloth, C. & Haijing, Q. (2005). Qualitative and quantitative measurement of depression in veterans recovering from stroke. Journal of Rehabilitation Res Dev, 42, 277-290.
  • Yesavage, J.A., Brink, T.L. (1983). Development and validation of a geriatric depression screening scale: a preliminary report. Journal of Psychiatric Research, 17, 37-49.

Voir la mesure

Comment obtenir l’EDG ?

Un exemplaire de la version anglaise de la GDS et de la GDS à 15 items peut être obtenu en consultant le site web suivant : http://www.stanford.edu/~yesavage/GDS.html

Note : Des liens vers certaines versions dans d’autres langues peuvent aussi être trouvés sur cette page.

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